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Arsène Houssaye "Les Douze Nouvelles Nouvelles"
[ ] 19.06.2009, 11:22

Mademoiselle Salomé http://ifolder.ru/12717063 (15.38Mb)

I

Ils valsaient avec emportement, mais avec abandon, ce qui est la grâce suprême de la valse. Il y avait un peu de l'épervier qui enlève une colombe. On lui en voulait presque, à lui, de sa rapidité vertigineuse, mais on voyait bien que la jeune fille se livrait sans peur, enivrée par le tourbillon.
Et quand ce fut fini, elle lui dit, tout en se dégageant :
—Avec qui, monsieur, ai-je eu le plaisir de valser dans cette réunion selected ?
—Oh ! mon Dieu, mademoiselle, un nom ridicule ; je ne descends ni des croisés ni de l'Oeil-de-Boeuf. Je m'appelle tout bêtement M. Arthur Dupont. Maintenant, si vous êtes curieuse de savoir ma profession, je suis auditeur au Conseil d'État, profession tout aussi ridicule que l'est mon nom.
Un physionomiste qui eût étudié la figure de la jeune fille aurait bien vu passer un nuage sur l'enjouement passionné de la valseuse. Elle retombait sur la terre du haut de son envolement amoureux.
Arthur Dupont ! porter dans le monde un nom qui n'est pas mondain, n'est-ce pas y paraître dans un habit mal fait, avec une cravate mal mise ?
La jeune fille reprit son fauteuil avec un sourire impertinent, se disant tout bas : «Auditeur au Conseil d'État ! En effet, il a de grandes oreilles.»
Parti pris, car Arthur Dupont avait de jolies oreilles. C'était d'ailleurs ce qu'on peut appeler un joli valseur, qui ne déparait ni le monde où l'on s'amuse ni le monde où l'on s'ennuie ; profil à peu près correct, front lumineux, yeux vifs, bouche spirituelle.
Sa valseuse était sévère ; on peut bien s'appeler Arthur Dupont sans encourir les foudres de la mode...C'est que cette valseuse avait été élevée par sa mère à jouer les Célimènes, celles qui n'aiment que leurs robes, leur éventail et leur beauté,—même quand elles ne sont pas belles. Il est vrai que celle-ci était bien jolie : figure parisienne à donner le vertige à ceux qui n'ont pas couru les filles du demi-monde. Ce qui surtout couronnait son air impertinent, c'est qu'elle portait un grand nom, que je masquerai ici par celui de Laure de Montaignac.
Une de ses amies la félicita d'avoir si bien valsé avec un si bon valseur.
—Je ne m'en souviens pas, dit-elle d'un air distrait.
Vint une autre valse. Elle prit un mauvais valseur ; elle en faillit briser son éventail. Aussi Arthur Dupont fut-il le bienvenu quand il se présenta pour la troisième valse. Elle s'avoua alors que le nom ne faisait pas l'homme. Ce fut un si joli spectacle de les voir, elle et lui, valser en tourbillonnant, que tout le monde applaudit comme si on eût entendu chanter la Patti et jouer Sarah Bernhardt. Laure s'indigna.
—Me prend-on pour une comédienne ? Je valse pour moi et non pour la galerie.
Ceci se passait à l'ambassade d'Espagne. Le lendemain, autre fête chez Mme Mackay ; nouvelles valses ; les oreilles parurent moins grandes, le nom moins vulgaire, tandis que le valseur parut plus entraînant.
Cela continua toute la semaine, si bien que le bruit se répandit dans le monde que M. Arthur Dupont épousait Mlle Laure de Montaignac.
—Pourquoi pas ? dit Arthur à Laure.
Mais Laure répondit à Arthur :
—Comment voulez-vous que je change mon nom contre le vôtre ? Ah ! si vous étiez tout à coup, par un miracle, un homme d'État, un ambassadeur, un grand poète, un grand peintre...
—Je ne suis, hélas ! rien de tout cela, dit le valseur avec amertume.
Il aimait follement Laure, il ne se croyait pas à une si grande distance de l'idéal de la jeune fille.
—Encore, lui dit-elle avec un soupir, si vous aviez une écurie et un four in hands !
—Qu'à cela ne tienne, s'écria Arthur en lui saisissant la main. Vous savez que j'ai quelque fortune ; dès demain j'aurai une écurie, coûte que coûte. Où la voulez-vous !
—A Chantilly, pour le plus beau rally-papers d'outre-Manche.

Janinahttp://ifolder.ru/12716798 (16.72Mb)

I

La scène se passe au beau milieu du tout-Paris, boulevard Malesherbes, dans un somptueux appartement.
Madame s'ennuie dans sa chambre à coucher et s'impatiente en voyant la pendule, qui lui semble marcher à rebours. Elle caresse son beau lévrier et regarde par la fenêtre. Mais il ne vient pas !
Heureusement elle entend résonner le timbre. «Oh ! qui que tu sois, j'attends !»
Et, pour commencer, qu'est-ce que Madame ? C'est une jolie jeune femme qui soupire sur trois années de mariage. Son mari est charmant, quand il est là,—mais il n'est jamais là !—Pourquoi ? puisque sa femme est charmante. Une douce pâleur, légèrement bistrée sous les yeux ; des lèvres rouges qui ne sont pas peintes et qui ont faim ; la passion les agite, comme les ailes du nez, qui est d'un millimètre trop court, mais qui est bien dessiné. Les lèvres, qui ne se touchent pas tout à fait, permettent de voir, comme dans un écrin, des dents qui voudraient mordre. Le menton s'accuse un peu trop ; mais quelle adorable volupté dans les ondulations du cou, sous les vagues rebelles des cheveux noirs !
Si nous étions au bal, nous en verrions bien d'autres ; je pourrais peindre tout à loisir—puisque je le verrais—le sein provocant de Janina, c'est le nom de la jeune mariée ;—je pourrais peindre les épaules et les bras dans toute la volupté de leur frémissement, brûlés par les flammes vives de la valse. Mais, Janina étant chez elle et non chez les autres, je ne veux pas être indiscret.
Cependant, le valet de chambre annonce Mme Hamilton, une Américaine francisée qui court le monde parisien à toute vapeur.
Elle n'a pas une seconde à elle, tant elle est à ses bonnes oeuvres.
Elle se jetterait au feu pour faire le bien, si elle avait le temps. Ses bonnes oeuvres sont de plus d'une sorte. Curieuse comme Ève, elle veut être de tout ; prenant sa part des chagrins comme sa part des joies, elle brouille les amoureux, sauf à les raccommoder. Elle ne permet pas qu'on fasse rien sans elle. Celle-là n'est pas jolie ; voilà pourquoi sa vie est si occupée—pour les autres.
Elle entre chez Janina comme une petite bourrasque.
—Ah ! ma chère amie, tu ne sais pas ce qui m'arrive ?... Mais que vois-je ?... tu as pleuré !... Es-tu folle de ne pas prendre gaiement la vie, dans une si jolie chambre à coucher !
Cette chambre à coucher était tendue de peluche bleue, piquée de broderies Louis XIII. L'ameublement contrastait, puisque c'était du pur Louis XVI, en bois laqué blanc, filets rose tendre ou bleu de ciel, dans le ton du plafond légèrement azuré et semé de nuages touchés par l'aurore.
Mme Hamilton embrassa Janina.
—Comment, mamour, tu t'ennuies ici ? Ah ! si j'avais comme toi ce beau lit estrade à baldaquin, cette armoire à trois battants où tu peux te voir trois fois dans ses glaces biseautées. Et ce secrétaire pour écrire de ton style à la Sévigné. Et ce chiffonnier pour cacher tes lettres. Heureuse femme !
Janina soupira.
—Ah ! oui, c'est un paradis. Mais, dans ce beau lit, il manque un homme. Si je me mire dans ces trois glaces, c'est pour voir mon chagrin. Ce secrétaire ne me sert qu'à écrire à moi-même des pages folles que je cache bien vite dans ce chiffonnier. Mais je n'ai peur de rien, j'ai pleuré toutes mes larmes et je me vengerai...
—Voyons, voyons, ma Janina...Un million de dot ! une figure d'ange ! Et ton mari te trompe ; mais n'es-tu pas vengée en pensant qu'il te trompe avec une drôlesse sans orthographe, celle qu'on appelle la Faramineuse.
—Hélas ! à quoi me sert-il de savoir la grammaire, si ce n'est à conjuguer le verbe je souffre à tous les temps.
—Ne te désole pas, nous arrangerons cela.
Un silence.
—Que veux-tu que je fasse ? J'ai tout tenté pour reconquérir Fernand. Il est affolé par cette fille. Ah ! quel est donc son secret pour l'enchaîner ainsi ?
—L'amour n'a pas de secret ; c'est l'amour, voilà tout.
—Et quand on pense qu'on a supprimé les lettres de cachet ! Ah ! si j'étais roi, comme j'enverrais toutes ces coquines à Saint-Lazare.
—Il est vrai qu'il n'y a plus de place !
Encore un silence !
Tout d'un coup, Mme Hamilton bondit sur son fauteuil comme la pythonisse sur son trépied.
—Euréka ! pour dire un mot grec en latin.
—Tu as trouvé ?
—Oui. Dans les naufrages, il faut tout risquer. Puisque c'est ici le naufrage de ton bonheur, mets les chaloupes à la mer.
—Pourquoi ces métaphores hors de propos ?
—C'est que je lis des romans. Écoute bien. Tu vas aller de ce pas à l'hôtel du Louvre, où il n'y a jamais de Parisiens, car ce n'est pas comme au Grand-Hôtel. Tu écriras à la Faramineuse,—on dit qu'elle s'appelle Caroline Berlin.
—Tu la prieras de venir te trouver pour une affaire qui l'intéresse. N'oublie pas de signer ta lettre : princesse Pacinska, ou Pacinskoff.
—Eh bien ! quand j'aurai cette fille sous la main ?
—Je sais bien que tu auras envie de la mettre en pièces. Mais il faudra que tu aies le courage de lui sourire...
A cet instant, le valet de chambre annonça la comtesse d'Oriac, une femme austère, qui ne riait plus, peut-être parce qu'elle avait trop ri. Sur quoi, Mme Hamilton salua et s'éloigna en toute hâte.
—Pardonnez-moi, madame, dit Janina à la nouvelle venue, je cours après cette folle, car j'ai un mot à lui dire.
La jeune mariée rejoignit Mme Hamilton, qui lui dit en quelques mots ce qu'elle devait faire à l'hôtel du Louvre.
—Tu es toquée, dit Janina en éclatant de rire pour cacher ses larmes.

Le Stoïcisme de la Parisiennehttp://ifolder.ru/12717697 (18.39Mb)


Je ne lis pas de romans parce que j'en fais. Ou plutôt je lis sans cesse le roman toujours ouvert qui s'appelle Paris. Voilà le roman des romans, mais encore faut-il savoir le lire. Quelques romanciers en chambre se torturent l'esprit pour inventer des chapitres vraisemblables. Plus d'un dépense beaucoup de talent à faire verser des larmes aux personnages de son imagination, sans se douter qu'en regardant par la fenêtre il verrait des scènes bien plus émouvantes.
Le tout-Paris déborde au Café des Ambassadeurs par les beaux jours, avec le même entrain qu'à la foire de Neuilly. Quand je dis le tout-Paris, pour me servir d'un mot consacré, je devrais dire aussi le tout-Pontoise, car il y a là, comme ailleurs, les acteurs et les spectateurs, ceux qui aiment à entrer en scène et ceux qui aiment à regarder la comédie sans y rien comprendre, ce qui rappelle le mot d'une provinciale au Conservatoire, en pleine symphonie : «Quand ça commencera-t-il ?»
La comédie, il n'est pas de jour qu'on ne la donne au Café des Ambassadeurs : comédie imprévue, comédie bouffonne, mais aussi tragi-comédie. Quand on entre là, on n'est pas bien sûr de n'y trouver une aventure ou un duel.
J'y dîne çà et là en gaie et docte compagnie : avec Albéric Second, Carolus Duran, Camille Rogier, Monjoyeux, Coupvent des Bois, Du Sommerard, Du Boisgobey—et quelques princesses égarées.—Il m'arrive d'y dîner tout seul, presque toujours dans le jardin sous les grands ormes plantés par le duc d'Antin, devant le parterre de fleurs en vue de la fontaine jaillissante. Ce sont là des apéritifs inappréciables.
C'est surtout quand je dîne seul, étudiant mes voisins et mes voisines, que je lis le roman parisien.
Chaque petite table pourrait fournir un chapitre.

Категория: Livres audio | Добавил: kivi
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